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Anne et le chant du renard

8 Octobre 2017 , Rédigé par Fried

1- Prélude

Il fait un temps superbe. Ce midi nous mangeons dans la cour du foyer « Saint-Rémy », c'est moins bruyant qu’à l'intérieur au réfectoire. Je suis à la table de la belle Eleonor avec les enfants, Alain, Tony et Johnny, ils ont neuf ans. Alors que je parle de mes lectures, Tony et Johnny se tiennent bien pour une fois, c’est Alain qui déraille. Je lui fais une remarque, lui qui d’habitude ne me pose pas de problème, il continue à faire l’imbécile et renverse un verre.
J'abats violemment mon poing sur la table :
— Bon sang ! Alain, qu’est-ce que c’est que ces gamineries ?! Tu n’es plus un bébé, alors tiens-toi bien !

Eleonor a sursauté, je me suis surpris moi-même, mais le résultat est là. Alain s’écrase, se fait tout petit, le silence s’est abattu sur les six autres tables et je peux continuer la conversation avec Eleonor la psy du foyer. Je retrouve mes mots pour le dire et lui fais part de ce que j’ai retenu et aimé du roman de Marie Cardinal. Le repas se déroulera sans autres incidents, j’apprendrai par la suite qu’a ses yeux j’ai marqué un point.

La fin de l’année scolaire approche et les tensions sont de plus en plus vives parmi les vingt enfants de six à seize ans, j'ai souvent l'impression d'être un dresseur de fauves. Mon service s’arrêtera après avoir accompagné les enfants à l’école puis j’aurai un rendez-vous. Cet après-midi je vais de l’autre côté de la ville, pour un entretien avec sœur Agnès aux « Papillons bleus ».

Je stationne ma « deux chevaux » près de l’établissement, il me semble un peu austère. Je gravis les marches, pousse une vieille porte vermoulue, arrive à l’accueil et me présente. On m’indique la salle de réunion, à chaque pas le plancher grince, les salles sont immenses, on se croirait à « Poudlard ».
La réunion a pour but la préparation des quatre semaines du camp de Juillet dans les Vosges. Sœur Agnès, la cinquantaine bien tassée, me présente aux éducatrices, Christine, Julie, Anne et Olga. Il y a également la sœur Marie-Thérèse, elle participera à l’encadrement. Le groupe d’été sera composé de quinze jeunes filles handicapées mentales, handicape léger pour la plupart.
Sœur Agnès veut tenter d’ouvrir les portes de son équipe au masculin, ce sera une première. Le masculin en question se sera moi, mon expérience comme mono et éducateur au "foyer saint Rémy" lui plait.
Il me restait à trouver un job pour le mois de juillet, alors j’ai répondu à l’annonce des « Papillons bleus ». Au programme, on prévoit des promenades dans les forêts et collines Vosgiennes, la découverte et l’approche de la nature. Ainsi que des excursions pour découvrir la région. On parle un peu de l’animation, je pose quelques questions sur les problèmes des filles, la réunion se termine.

C’est  Anne qui me raccompagne à la sortie. On échange quelques mots et l’on se dit à bientôt, Anne est franche et directe, derrière ses vêtements classiques, je devine une très belle jeune femme. Une boucle blonde s’échappe de son foulard, elle a des yeux marron qui lui donnent un regard très doux. Son visage ressemble à celui de l’actrice qui jouait le rôle de « Lara » dans le film « Docteur Jivago ».
Je quitte le foyer, avec des petits papillons bleus dans les yeux, et la musique de Lara dans la tête.

 

II Le chant du loup.

L’autocar nous dépose sur le lieu de la colonie, en fait c’est isolé en pleine forêt, il y a quelques pâtures autour des bâtiments. On sort les valises et on installe les filles, nous prenons alors le chemin de la forêt pour une première promenade. Dans le groupe il y a deux adolescentes qui sortent un peu du lot, elles ont l’air plus enjouées et dégourdies. Elles s’approchent de moi et cherchent à faire connaissance, je me présente, leur demande leurs prénoms. Elles se nomment Aline et Coralie, ce sont deux copines. Elles me disent d’emblée :
— Vous savez, on n’est pas comme ces débiles, on a juste un peu de retard scolaire, alors sœur Agnès nous fait travailler.
Le groupe est, en effet, un mélange de cas hétéroclites, cela va du très gros retard scolaire aux filles autistes, trisomiques ou même handicapées physiques.
On avance tout de même bien, la forêt est plus dense, Aline traine un peu et elle me dit :
— Monsieur, si je me perds dans la forêt, vous viendrez me retrouver ?
Je manque un peu de psychologie et lui réponds sans réfléchir :
—  Quand je sors du chemin, je suis un peu comme un loup, alors oui, je te retrouverai et je pourrais bien te croquer.
J’ai dit ça sur le ton de la plaisanterie, mais Aline reste bouche bée et ouvre de grands yeux. Sa copine éclate de rire, la plaisanterie passe.
Je lance à tout hasard un :
—  Si on chantait une chanson ? , quelques oui fusent, alors je me lance, et entonne :
« Dominique ! nique, nique, s’en allait tout simplement »
« Routier, pauvre et chantant. »
« En tous chemin, en tous lieux »
« il ne parle que du bon dieu »
« il ne parle que du bon dieu »…

Je vois l’éducatrice, Olga, me faire les gros yeux, mais bientôt Anne et sœur Marie-Thérèse reprennent en cœur, puis c’est les enfants avec un grand sourire. On revient vers les bâtiments. Je découvre ma chambre, elle est à côté de celle des éducatrices. Sœur Marie-Thérèse et sœur Agnès dorment dans l’autre bâtiment, près des filles. Ma chambre est boisée, un peu rustique, mais ça me va bien.
On prend tous ensemble, le repas au réfectoire puis vient l’heure du coucher, j’accompagne les enfants avec Olga, Christine et Julie.
Les filles se dirigent vers leurs lits, elles ont chacune une petite armoire à coté ainsi qu’une table de nuit. Quelques-unes sont déjà couchées, mais voilà que la grande Aline se met à crier en me montrant du doigt :
— C’est le loup ! C’est le loup !
Tout d’un coup elles commencent toutes à crier, courir partout, renverser des tables de nuit, je me sens complètement dépassé. Cela tourne à l’hystérie. Je m’éclipse et vais chercher les sœurs à la rescousse, il leur faudra bien une heure pour ramener le calme. On convient par la suite que je ne m' occuperai plus du coucher.

 

III. Solo à capella.

Déjà fatigué par cette première journée et le « coucher » infernal, je me dirige vers notre pavillon et les sanitaires. Une bonne douche avant une bonne nuit, rien de tel pour se remettre d’aplomb. L’eau bien chaude, c’est agréable, je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée, j’entends des bruits de portes, mes collègues . Je commence à me détendre, un savon légèrement parfumé, le massage du jet, je me sens comme chez-moi. Bien sûr, je chante sous la douche, ce n’est pas sans arrières-pensées car la chanson est un brin érotique. C’est une chanson de François Béranger, je chante Natacha :

« Natacha
Ton nom est déjà un voyage
A quoi bon dépenser nos sous
A partir et pour où

A partir
J'aime mieux les rivages ombreux
De notre grand lit aux draps bleus
Où l'on découvre des merveilles

Natacha
Ton ventre est une plaine à blé
Où le Lion court après la Vierge
Dans le soleil de Juillet

Et la plaine
Quand elle finit c'est pour venir
Caresser des montagnes douces
Où je cueille des fruits délectables »…

Je sais que j’ai un auditoire féminin, alors je fais durer un peu la douche et la chanson. Je finis par me sécher et sors une serviette autour de la taille, je vois alors Anne toute rose et fraiche habillée d’un fort joli peignoir. Elle se sèche les cheveux, me dévisage de ses doux yeux marrons et dit avec un accent Belge et d’une voix émue :
— C’était gai cette chanson, j’ai vraiment aimé, vous sauriez me l’écrire ?
Je deviens rouge comme une pivoine, et réponds tout intimidé :
— Oui Anne, je vais l’écrire avec plaisir, j’adore cette chanson et vous m’êtes très sympathique.
— Merci.
Elle part pour sa chambre. Une autre porte de douche s’ouvre, c’est Olga qui en sort en petite tenue, avec un sourire un rien moqueur sur le visage. Elle me dit :
— Toi ! Tu m’as tout l’air d’un sacré enfant de cœur ! Je ne veux pas te voir finir curé, ce soir, on te réquisitionne, on se fait une sortie sur Epinal avec Christine et Julie.
Je me fais prier, c’est que je sais comment ça se termine ces virées, on revient ivre, je m’étais promis de me ménager. Mon mois d’août ne sera pas de tout repos avec les enfants de la DDASS.
Olga insiste :
— Ah non, tu ne discutes pas, d’ailleurs, je n’ai pas eu ma chanson moi, tu me chantes quoi ?
C’est plus fort que moi, je lui sors : « Fais une pipe à pépé, avant qu’il ne la casse… »
Je n’ai pas le temps de finir qu’elle se saisit d’un baquet d’eau froide et me le lance à la figure.
Je me sauve et vais me sécher à nouveau, dans ma chambre cette fois-ci.
Un peu plus tard, la bande des trois filles vient frapper à ma porte, elles me décident de sortir pour les accompagner, il faut bien que l’on fasse connaissance.
Je demande:
— Anne ne vient pas ?
—Non, elle ne sort jamais en boite, elle n'aime pas ça. On la surnomme soeur Anne.
C'est une déception pour moi mais j'essaie de ne rien laisser paraître. Sur la route, je découvre une Olga « Bout en train », Christine et Julie sont euphoriques, on s’est décidé pour une boite de nuit, « la nuit des Temps ».

IV. Chorus final et duo au clair de lune.

Lexique Belge: "Un gros gâté" c'est un gros câlin.
L'expression "c'est gai" veut dire, c'est trop bon ou encore, encore.

La nuit d’ivresse se termine, on a bien dansé, Olga qui ne boit pas, nous ramène à bon port. Je suis légèrement soûl, je descends de la voiture et me vautre par terre, rien de grave, juste les coudes et genoux éraflés, cela a le mérite de faire rire. On entre dans le bâtiment des chambres, le bruit que l’on fait et le rire des filles réveillent Anne. Elle sort en chemise de nuit et me regarde indignée :
— Vous vous êtes battu ?!
J’explique que je viens de tomber, mon coude commence à me faire mal, je lui demande si elle a une trousse à pharmacie.
— Oui, je vous apporte ça, les filles, allez dormir, il est assez tard et on a besoin de vous demain. Anne me rejoint dans ma chambre avec, coton, pansements et désinfectant. Je me suis allongé sur le lit, un peu dans les "vaps ". Elle me retire ma chemise déchirée et avec une grande douceur me soigne. Anne est penchée sur moi, ses longs cheveux viennent me caresser le torse, je suis aux anges, c’est doux. Elle pose flacon, coton et pansements se tourne vers moi et me dit :
— J’ai terriblement envie d’un « gros gâté ».
Je ne connais pas l’expression, mais devine un peu le sens.

Elle est maintenant allongée sur moi, je sens son corps de femme contre le mien, son vêtement de nuit n’épargne rien. Mes mains la pressent, je lui caresse le dos puis les fesses, je fais remonter doucement sa chemise pardessus sa tête, ses seins sont magnifiques. C’est maintenant elle qui me déshabille. Elle entreprend de m’embrasser sur tout le corps, sa langue me chatouille, la sensation de ses cheveux sur mon corps, je ne l’oublierai jamais. Sa main caresse mon sexe en érection, puis sa bouche chaude et douce m’engloutit.
J’avais bien eu quelques expériences, quelques aventures mais, là, c’était une première pour moi.
Anne se redresse et vient me chevaucher tout en douceur, c’est une nouvelle surprise, j’étais novice, ne connaissais alors que la missionnaire. Elle est si belle, le plaisir si fort que rapidement, je jouis. Elle s’allonge à mon côté, on s’endort épuisés.
Le jour n’est pas encore levé, quelque chose m’a réveillé, je regarde vers la fenêtre qui est maintenant ouverte et réalise que ce n’était pas un rêve. Anne y est penchée, elle fume une cigarette. Je la vois légèrement de profil, éclairée d’un rayon de lune dans une volute de fumée. Elle a pour tout vêtement une de mes chemises kaki, qui lui arrive au raz des fesses et n’est pas boutonnée. J’aperçois derrière elle les pâtures. J’entends un chant animal comme des jappements rauques, qui viennent de la forêt. Cette vue poétique me fascine, je ne me lasse de regarder ses courbes. Ce jeu de lumière sur ses jolis seins qui pointent et son cul épanoui... Il est rebondi et me voilà tout ragaillardi.
Je ne sais si c’est l’appel de la forêt, je me lève et m’approche derrière elle, me presse contre son corps. Tout en lui massant les épaules, je lui dis : sœur Anne ne vois-tu rien venir ?
Elle remue doucement les fesses, et fait :
— Tu es grossier, mais je t'aime. Ooh c’est gai, oh oui encore !  j'exige de toi que tu aies plus de tenue cette fois-ci !
— Pour toi ma belle je serai d’airain, tendu.
— Humm, je me rends compte que je n’ai aucun tabou.
— Moi si, j’en ai, friponne.
— Ah bon, lesquels ?
— Les enfants et les animaux.
— Dieu que tu es bête ! Tu vois ces lièvres dans les pâtures, j’adore le nom que l’on donne à leurs petites femelles, c’est la levrette, je crois.
Mes mains s'emparent de ses seins somptueux. Je prends le temps de lui manier ses tétons durcis. Elle frémit, se cambre un peu plus et je la prends doucement comme elle aime.
La lune s’éclipse, reste les étoiles, notre chant d’amour et celui des renards qui résonnent dans la nuit. Nous aurons encore nos trois semaines, elles nous feront mille et une nuits.

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